L’exposition aux agents chimiques dans l’industrie peut donner lieu à des intoxications chroniques appelées les maladies professionnelles. Le but de la toxicologie industrielle est donc d’aider le médecin du travail à prévenir l’apparition des maladies professionnelles par une meilleure connaissance des substances toxiques en causes.
Différents états du toxique
Les différents états sous lesquels se trouve le toxique sont importants à considérer en milieu industriel. L’inhalation, c’est-à-dire la voie pulmonaire constitue la source principale des intoxications en milieu professionnel parce que les substances toxiques sont sous forme de gaz, vapeurs, ou de particules solides ou liquides dont la présence et les proportions dans l’air des locaux de travail dépendent, non seulement de leurs propriétés physico-chimiques, mais encore des conditions d’utilisation de ces substances, qui donnent naissance à ces différents états.
Delà découle la notion de risque qui se distingue de la notion de toxicité.
- La toxicité : est la capacité propre d’une substance à produire un effet toxique sur l’organisme.
- Le risque : est la probabilité d’apparition de cet effet toxique selon les conditions d’emploi de cette substance.
Les gaz et les vapeurs
Les gaz : aux conditions normales de température et de pression, ces corps existent uniquement à l’état gazeux.
Les vapeurs : ne représentent que la forme partielle gazeuse d’une substance normalement à l’état liquide.
Le passage d’un corps pur de l’état liquide à l’état de vapeur peut s’effectuer de 2 manières différentes :
- La vaporisation : qui se produit à une température ambiante
- L’ébullition : qui se produit par élévation thermique
Les particules
Ce sont des molécules solides ou liquides dispersés dans l’air. Cette dispersion des particules est liée étroitement à leur diamètre. On distingue :
Les poussières : de diamètre de 100 à 400 µm d’origine minérale ou organique ; ont pour point commun d’être instable dans l’air ; elles obéissent aux lois classiques de la pesanteur ; selon leur constitution physicochimique, elles ont la possibilité d’adsorber des composé chimiques dont la toxicité ou le pouvoir cancérigène sont ainsi véhiculés de manière indirecte.
Les brouillards : de diamètre de 50 à 100 µm qui prennent naissance au cours des pulvérisation de solvants, de peintures, ou d’insecticides, de fumées émises par les métaux en fusion, notamment sous forme d’oxydes métalliques, ou encore sous forme de poussières fines d’origine diverses.
Les aérosols : de diamètre < 50 µm.
Les particules dont le diamètre est inférieur à 5 µm qui échappent aux lois de pesanteur en raison de leur petite taille, peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires et s’y déposer ; suivant leur nature physico-chimique, elles peuvent y entrainer une simple action locale, y exercer une action cytotoxique, ou pénétrer dans la circulation et exercer des effets systémiques.
Le toxique dans l’organisme
Les voies de pénétration : la principale voie de pénétration des toxiques en milieu professionnel c’est la voie pulmonaire mais aussi la voie cutanée pour les substances liposolubles.
La voie pulmonaire : Les sites d’absorption des gaz dans l’appareil respiratoire sont fonction de l’hydrosolubilité de ces produits.
Les gaz très solubles ne traversent pas plus loin que le nez en règle générale, en revanche lorsqu’ils sont adsorbés sur des particules et des aérosols, ils peuvent traverser le nasopharynx et atteindre le poumon profond.
– Les gaz relativement insolubles, pénètrent jusque dans les alvéoles pulmonaires.
– Les gaz très insolubles, traversent facilement le tractus respiratoire pour se trouver dans le sang pulmonaire et être distribués dans tout l’organisme.
– Les vapeurs liposolubles peuvent aussi être absorbées dans différentes régions du tractus respiratoire, puis transportées par le sang circulant dans diverses régions du corps, notamment dans le SNC.
– Les particules et les aérosols se déposent dans différentes régions du tractus respiratoire en fonction de leur taille. Les grosses particules, solides ou liquides, de diamètre > 10 µm, sont généralement arrêtées au niveau du nasopharynx. Celles dont le diamètre est compris entre 3 et 10 µm atteignent la trachée, les bronches et les bronchioles. Celles dont le diamètre est < 3 µm vont aller jusqu’aux alvéoles.
La voie cutanée : certains toxiques traversent la peau à différents niveaux grâce à leur pouvoir dissolvant. Certains facteurs favorisent la pénétration cutanée, tel l’état de la peau, la durée de contact, les conditions de travail et la durée d’utilisation.
Evaluation et surveillance de l’exposition
Elles permettent d’apprécier le risque encouru par les travailleurs.
Métrologie : c’est l’ensemble des méthodes d’identification et ou de dosage du toxique dans l’atmosphère de travail, dans l’optique d’une comparaison avec des valeurs de référence, les valeurs limites d’exposition. C’est le meilleur moyen de quantifier l’exposition et donc d’évaluer le risque toxique.
Deux types de mesures métrologiques sont possibles ; métrologie d’ambiance et/ou individuelle. Elles ne peuvent être engagées qu’après une évaluation initiale en trois points.
Identification des expositions potentielles : inventaire de la nature et des quantités des substances manipulées.
Détermination des paramètres de l’exposition : procédés de production, techniques de travail, accidents prévisibles de surexposition, configuration des lieux, dispositifs d’évacuation et de ventilation…
Définition de groupes homogènes d’exposition : permettant de cibler l’étude sur les sous populations les plus fortement exposées.
Métrologie d’ambiance : elle vise essentiellement au recueil de l’exposition moyenne à l’aide de prélèvement en un point fixe du lieu de travail. Elle permet d’une part une comparaison aux valeurs limites d’exposition et d’autre part de vérifier l’efficacité des mesures préventives adoptées.
La VME : la valeur limite moyenne d’exposition est la concentration moyenne maximale admissible, pondérée pour 8 heurs/jour et 40 heures/semaine de travail. Elle vise à protéger les travailleurs des effets de l’exposition chronique.
La VLE : ou la valeur limite d’exposition est la concentration moyenne maximale pouvant être atteinte pendant au plus 15 minutes. Elle vise essentiellement à prévenir les effets toxiques aiguës.
Métrologie individuelle : la meilleure évaluation de l’exposition individuelle consiste à effectuer des prélèvements d’air dans la zone respiratoire du sujet puis une analyse quantitative différée en laboratoire.
Biométrologie : c’est la surveillance biologique qui vise d’une part à évaluer la dose interne par le dosage de la substance ou de ses métabolites dans les fluides biologiques (indicateurs biologiques de l’exposition), d’autre part à mettre en évidence le plus précocement possibles des modification biochimiques (indicateurs biologiques d’effets) résultants de la présence de la substance dans l’organisme.
La mesure de la dose interne d’un toxique possède l’avantage d’être spécifique et de refléter le niveau réel de l’individu surveillé. En effet elle tient compte des facteurs biologiques individuels, elle intègrent toutes les voies d’absorption et prend en compte le mode opératoire de chaque travailleur.
La cinétique du toxique conditionne le moment le plus approprié pour le recueil de l’échantillon :
- Un prélèvement en fin de journée de travail et ou en fin de semaine de travail évalue le niveau d’exposition ;
- Un prélèvement en d’but de poste évalue le niveau d’imprégnation toxique de l’organisme.
Last modified: 26 mars, 2018