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“Amélie Mathis: « rôle des cytochromes P450 dans les interactions médicamenteuses et environnementales rencontrées à officine » Thèse 2012, université de Lorraine”
Interactions médicamenteuses et incompatibilité physico-chimique
Tout d’abord, il est important de distinguer les interactions médicamenteuses des incompatibilités physico-chimiques. Le terme « interactions médicamenteuses » s’applique aux interférences médicamenteuses qui surviennent in vivo. Quant au terme « incompatibilités physico-chimiques », il désigne les réactions chimiques qui peuvent se présenter entre les médicaments in vitro, avant ou lors de leur administration au malade {[(|fnote_stt|)]}A.Coquerel M. Moulin : Pharmacologie 2e édition © Masson, 2002{[(|fnote_end|)]} Le risque de survenue d’accidents par incompatibilité physico-chimique entre les composants d’un médicament lors de sa fabrication et de son conditionnement est, à l’heure actuelle, prévenu par tant de contrôles minutieux qu’il apparaît presque nul, du moins pour les spécialités pharmaceutiques fabriquées et distribuées normalement. Ce risque existe néanmoins pour les prescriptions « officinales », si elles sont faites sur des bases scientifiques hasardeuses, à partir de spécialités « déconditionnées » : la pratique du déconditionnement des spécialités est, pour cette raison, formellement interdite. Il reste la possibilité d’incompatibilité physico-chimique au moment de l’administration et le médecin en est alors seul responsable :- soit parce que plusieurs médicaments ont été mélangés dans la même seringue ou le même liquide de perfusion : cette pratique, que rien ne justifie le plus souvent, doit être évitée ;
- soit parce qu’un médicament est administré dans la tubulure de perfusion d’un autre médicament.
- soit parce que le médicament comporte un solvant organique susceptible de dissoudre le matériel plastique utilisé pour l’injection. {[(|fnote_stt|)]}A.Coquerel M. Moulin : Pharmacologie 2e édition © Masson, 2002{[(|fnote_end|)]}
Types d’interactions médicamenteuses
Selon qu’elles soient recherchées en pratique ou non, on les classe en :Les interactions utiles
Les interactions peuvent être bénéfiques et utilisées pour l’additivité et la synergie des effets pharmacologiques sous-tendant l’efficacité thérapeutique (par ex. association de sulfaméthoxazole et de triméthoprime permettant d’obtenir un effet antibiotique bactéricide) et/ou permettant d’obtenir un effet thérapeutique donné en utilisant l’association de deux médicaments à des posologies faibles et bien tolérées ce qui permet d’améliorer leur sécurité d’emploi (par ex. association à doses fixes et faibles de deux antihypertenseurs). Autres exemples où l’intérêt de l’association concerne :- le rapport bénéfice/risque (bénéfice de l’effet thérapeutique et risque de l’effet indésirable) : l’association de deux médicaments ayant la même indication thérapeutique mais des effets indésirables différents et dose-dépendants permet en réduisant la posologie de chacun de conserver la même efficacité thérapeutique tout en diminuant le risque d’effets indésirables.
- le coût : le traitement à la ciclosporine est très onéreux. En y associant un inhibiteur du métabolisme hépatique de la ciclosporine comme par exemple le diltiazem, on peut diminuer la dose quotidienne. D’autre part, dans cet exemple, l’addition d’un antagoniste du calcium permet de contrecarrer un des effets indésirables de cet immunosuppresseur, son effet hypertenseur.
- la sécurité : le Diarsed®, qui est utilisé dans le traitement symptomatique des diarrhées comporte un dérivé morphinique, le diphénoxylate. Pour éviter l’utilisation de ce médicament par les toxicomanes, de l’atropine a été ajoutée dans la présentation de ce médicament mais à une dose suffisamment faible (0,025 mg par comprimé) pour n’avoir aucun effet aux posologies normales.
Interactions indésirables
Pour être retenue, une interaction doit avoir une traduction clinique significative, décrite ou potentiellement grave, c'est-à-dire susceptible de provoquer ou majorer des effets indésirables, ou d'entraîner, par réduction de l'activité, une moindre efficacité des traitements. Quatre niveaux de contrainte sont définis :-
Contre-indication
-
Association déconseillée
-
Précaution d'emploi
-
A prendre en compte
Mécanismes des interactions médicamenteuses
IAM d’ordre pharmacocinétique
Interactions au cours de l’étape de résorption
La résorption est le passage du médicament de son point d’application (épiderme ou lumière du tube digestif par exemple) au milieu intérieur (liquide interstitiel, plasma) au travers d’une barrière anatomique (peau, entérocytes). L’étape de résorption n’existe donc pas lorsque le médicament est introduit directement dans la circulation par voie intraveineuse. Cas de la résorption digestive : La résorption digestive des médicaments est précédée d’une phase de solubilisation du principe actif à partir de la forme galénique. Puis le principe actif, dont la forme non ionisée est suffisamment liposoluble, traverse la muqueuse digestive par diffusion passive ou transport actif. Il est transporté par la veine porte vers le foie, où il subit un premier passage hépatique, avant d’atteindre la circulation systémique. En pratique, l’intestin est le lieu privilégié de résorption. L’importante surface de contact (grâce aux villosités intestinales) des médicaments avec la muqueuse intestinale a tendance à contrebalancer l’effet de l’ionisation, expliquant ainsi la possibilité de résorption d’acides faibles à libération entérique. De plus, dans l’intestin la dissolution préalable nécessaire à la résorption est favorisée. La résorption digestive d’un médicament est conditionnée par plusieurs facteurs tenant :- A l’alimentation.
- A l’organisme
- Au médicament lui-même.
- Degré de liposolubilité.
- Caractère acide ou basique conditionnant le degré d’ionisation du médicament selon le pH du milieu.
- Concentration libre dans la lumière intestinale.
- Poids moléculaire.
- Support galénique (forme à libération prolongée).
- A une association médicamenteuse.
- Diminution ou ralentissement de la résorption digestive d’un médicament par un autre
- Complexation :
- Modification du pH gastrique :
- Retard d’évacuation gastrique :
- Accélération excessive du transit intestinal
- Compétition au niveau d’un transporteur
- Destruction de la flore intestinale et perturbation du cycle entérohépatique
- Augmentation ou accélération de la résorption digestive d’un médicament par un autre
- Accélération de la vidange gastrique
- Ralentissement du péristaltisme intestinal
Interactions au cours de l’étape de distribution
Le problème concerne essentiellement la variation de fixation protéique des médicaments au niveau plasmatique ou tissulaire. En effet, après leur résorption et avant de se distribuer dans l'organisme pour atteindre leur lieu d'action, les médicaments sont transportés à l'intérieur des milieux liquidiens de l'organisme. La plupart s'y trouvent fixés, en proportions variables, aux protéines plasmatiques.- Fixation des médicaments aux protéines plasmatiques
- Seule la fraction libre d'un médicament est pharmacologiquement
- Seule la fraction libre est susceptible d'être distribuée au niveau tissulaire.
% de fixation = N.Ka
N : concentration des sites de fixation Ka : affinité Dans tous les cas, en fonction du produit [N.Ka] les pourcentages de fixation peuvent être identiques mais les conséquences de fixation très différentes. Le type de fixation protéique varie selon la nature physicochimique des médicaments et leur degré d'ionisation au pH plasmatique (= 7.4).- Les interactions par déplacement protéique

interactions par déplacement protéique
Interactions au cours de l’étape de métabolisme
- Stimulation du catabolisme d’un médicament par un autre
- Médicaments inducteurs enzymatiques : Parmi les inducteurs enzymatiques, on range:
- des antiépileptiques : phénobarbital, carbamazépine, phénytoïne, primidone… ;
- des tranquillisants : glutéthimide ;
- des anti-infectieux : rifampicine, griséofulvine ;
- des xénobiotiques de l’environnement : éthanol, nicotine, insecticides organo-chlorés…
- une réduction de l’efficacité (ou un abaissement du taux sanguin) d’un des médicaments, par l’autre ; mais l’effet peut parfois être réciproque !
- du valproate = DEPAKINE, par le phénobarbital ;
- de la théophylline, par le tabac ;
- d’un glucocorticoïde, par la rifampicine ;
- d’un contraceptif oral stéroïdien (minidosé), par la rifampicine ou le phénobarbital ;
- d’un anticoagulant oral par le phénobarbital ;
- d’un bêta-bloqueur, par tout inducteur enzymatique ;
- l’apparition d’un effet toxique : par augmentation de la production d’un métabolite oxydé toxique :
- hépatite cytolytique, lors de l’association isoniazide et rifampicine ;
- méthémoglobinémie, puis hémolyse, lors d’une association phénacétine et phénobarbital.
- Inhibition du catabolisme d’un médicament par un autre
- certains macrolides : érythromycine, josamycine ;
- le chloramphénicol, l’isoniazide ;
- des antisécrétoires gastriques de type « anti-H2 » : cimétidine = TAGAMET ;
- des « inhibiteurs de la pompe à protons » : oméprazole = MOPRAL ;
- le kétoconazole = NIZORAL ;
- le fluconazole = TRIFLUCAN ;
- l’itraconazole = SPORANOX ;
- le miconazole = DAKTARIN ;
- le métronidazole = FLAGYL ;
Interactions pharmacocinétiques au cours de l’étape d’élimination
L’élimination ou excrétion des médicaments et de leurs métabolites est assurée par diverses voies dont la plus importante est la voie urinaire, les autres voies étant la voie biliaire ou encore la voie pulmonaire, la voie fécale, la voie salivaire, la voie lacrymale, la voie sudorale et la voie lactée. La demi-vie d’élimination d’un médicament (t1/2) est le temps nécessaire pour que la concentration de ce médicament présente dans le plasma diminue de moitié. La valeur de la demi-vie est fonction des processus de métabolisme et d’élimination. Une demi-vie longue traduit une faible élimination et une demi-vie brève traduit une forte élimination. La demi-vie plasmatique est une notion statistique donnée à titre indicatif, mais elle est variable d’un patient à l’autre en fonction de l’état physiopathologique individuel.- Elimination par voie rénale
- Filtration glomérulaire
- Sécrétion tubulaire
- Réabsorption tubulaire
- Diffusion passive : dans les parties distales du néphron. Dans ce mécanisme le plus fréquent, les médicaments doivent être des substances liposolubles ou sous forme non ionisée.
- ou de transport actif : de rares médicaments (exemple : α-méthyldopa) sont réabsorbés activement en même temps que certaines substances physiologiques comme le sodium, le potassium, l’acide urique, les acides aminés, le glucose ou la vitamine C. Dans ce cas, il existe des risques de saturation et de compétition.
- Facteurs modifiant l’élimination rénale des médicaments :
- Elimination par voie biliaire
- Interactions pharmacocinétiques lors de l’élimination urinaire
- Interactions médicamenteuses au stade de la filtration glomérulaire
- Interactions médicamenteuses au stade de la sécrétion tubulaire
- Interactions médicamenteuses au stade de la réabsorption tubulaire
- Interactions pharmacocinétiques lors de l’élimination hépatique
- Diminuée par des ralentisseurs du débit sanguin dans la circulation porto-cave (comme les β-bloquants) ou par compétition entre les médicaments au niveau des transports actifs d’excrétion biliaire.
- Augmentée par des accélérateurs du débit sanguin hépatique (comme le glucagon) [12]
IAM d’ordre pharmacodynamique
La pharmacodynamie a pour objet l’étude de l’action exercée par les médicaments sur l’organisme. Les interactions pharmacodynamiques sont le fait d’une synergie, d’une potentialisation ou d’un antagonisme dus à une action directe ou indirecte au niveau du site d’action du médicament : récepteurs, systèmes de transduction et/ou systèmes effecteurs, transporteurs, enzymes. Ces interactions sont plus prévisibles que celles qui aboutissent à des modifications des concentrations : elles mettent simplement en jeu les principales propriétés des médicaments. Des connaissances suffisantes en pharmacologie devraient permettre de les éviter. Toutefois, il faut se méfier des propriétés « mineures » des médicaments qui peuvent aussi être à l’origine d’interactions. Au contraire des interactions pharmacocinétiques, un effet de classe pharmacologique est retrouvé dans les interactions pharmacodynamiques.- Interactions directes
- Fixation des médicaments sur le même site récepteur
- Antagonisme compétitif
- Augmentation des effets thérapeutiques
- Fixation des médicaments sur des récepteurs différents
- Antagonisme fonctionnel ou physiologique
- Augmentation des effets thérapeutiques
- Interactions indirectes
Déterminants moléculaires pharmacocinétiques
Les déterminants impliqués dans les processus cinétiques sont des enzymes (CYP, enzymes de conjugaison comme les UDP glucuronosyltransférases ou UGT, les glutathion-Stransférases), des transporteurs médicamenteux et les récepteurs nucléaires .Les systèmes enzymatiques sont les déterminants les mieux connus. Les transporteurs médicamenteux et les récepteurs nucléaires sont d’apparition plus récente. Les transporteurs médicamenteux sont impliqués dans le passage actif de médicaments à travers une membrane cellulaire (par opposition à la diffusion passive). Ils sont exprimés dans la membrane de cellules polarisées au niveau basal (transfert entre le sang et la cellule) et apical ou luminal (transport entre la cellule et la bile, l’urine ou la lumière digestive) (. Ils sont actuellement classés en deux catégories : les transporteurs ATP Binding Cassette (ABC) d’efflux cellulaire qui utilisent l’ATP et les transporteurs Solute Carrier (SLC) impliqués dans l’influx et l’efflux cellulaire. Le transporteur le plus documenté est la P-glycoprotéine (P-gp), pompe à efflux impliquée initialement dans un phénotype de résistance multiple aux agents anticancéreux, mais dont l’expression est également retrouvée dans les tissus sains (entérocytes, cellules endothélialesde la barrière hématoméningée, hépatocytes, cellules proximales rénales notamment). La P-gp limite notamment l’absorption orale de la ciclosporine et est impliquée dans les processus d’élimination digestive et rénale de la digoxine. La famille des transporteurs ABC inclut également la breast cancer résistance protein (BCRP) et les multidrug resistance protein (MRP1 etMRP2notamment). La famille SLC comprend notamment le transporteur organic anion transporting polypeptide 1B1 (OATP1B1) impliqué dans l’influx hépatique des statines , organic cation transporter (OCT) dans le transport hépatique et rénal de la metformine (OCT1, OCT2) ou la sécrétion rénale du cisplatine (OCT2) , organic anion transporter 1 (OAT1) dans la sécrétion rénale du cidofovir ,OAT3 dans la sécrétion rénale du méthotrexate , H+/peptide transporters (PEPT) qui contrôlent l’absorption du valacyclovir . Globalement, les transporteurs médicamenteux déterminent l’accès à certains organes (système nerveux central, foie) et sont impliqués dans les processus d’absorption digestive (en favorisant ou limitant le passage de la membrane entérocytaire) et d’élimination. La présence d’un médicament dans un organe donné peut être déterminée par de multiples transporteurs comme, par exemple, la rosuvastine au niveau hépatique à la fois par des transporteurs d’influx exprimés dans la membrane basale de l’hépatocyte (passage sang/hépatocyte avec OATP1B1, OATP1B3, OATP2B1) et qui conditionnent l’activité thérapeutique (inhibition de l’HMGCoA réductase) et l’élimination et les transporteurs d’efflux exprimés au niveau luminal impliqués dans l’excrétion biliaire (transfert hépatocyte/bile médié par la P-gp, BCRP, MRP2) . Citons également le méthotrexate au niveau des cellules proximales rénales dont l’influx est contrôlé par OAT3 et l’efflux urinaire par BCRP. Les récepteurs nucléaires (pregnane X-receptor [PXR] ; constitutive androstane receptor [CAR]) régulent notamment l’expression des enzymes et des transporteurs. Leur activation par un médicament qualifié d’inducteur donne lieu à une augmentation de la transcription des gènes codant pour des enzymes et des transporteurs [8]Interactions médicaments-alcool
L’importance de l’éthylisme sur le métabolisme des médicaments dépend d’un certain nombre de facteurs dont les principaux sont la durée et l’importance de l’imprégnation éthylique. L’alcool interagit à deux niveaux avec les médicaments : -Premier niveau : les médicaments ralentissent le métabolisme de l’alcool, et augmentent ainsi le phénomène de toxicité de l’alcool par accumulation d’acétaldéhyde : c’est ce qu’on appelle l’effet antabuse. -Deuxième niveau : l’alcool agit sur le métabolisme des médicaments en augmentant ou en ralentissant leur destruction suivant qu’il s’agit d’un alcoolisme aigu ou chronique. En effet l’alcool n’a pas le même effet sur le métabolisme des médicaments s’il est pris de façon chronique ou aigüe car il exerce des effets opposés sur le système oxydatif MEOS en fonction des conditions d’alcoolisation.Effet antabuse médicamenteux (non dépendant des CYP 450)
Il est dû à l’accumulation dans l’organisme d’acétaldéhyde par inhibition de l’alcool déshydrogénase. L’acétaldéhyde est un produit toxique qui peut manifester, lorsqu’il s’accumule, différents signes cliniques : flush très pénible (bouffées de chaleur), sensation de malaise général tachycardie, tachypnée, nausées-vomissements, céphalées pulsatiles dues à la vasodilatation, vertiges, palpitations, asthénie, fourmillements, hypotension artérielle pouvant aller jusqu’au collapsus. Certains médicaments indiqués dans le sevrage alcoolique utilisent cet effet antabuse volontairement : la crainte de ces manifestations pénibles est utilisée dans la prévention des rechutes au cours de l’alcoolo-dépendance. C’est le cas du Disulfiram (Espéral©). Cette réaction survient quand l’alcool est absorbé, même en petite quantité après la prise de sulfirame. Il faut donc prendre garde à la présence d’alcool dans d’autres médicaments, notamment les solutions buvables, dans l’alimentation, dans les bains de bouche. Les symptômes désagréables se produisent 10 min après l’ingestion d’alcool et durant une demi-heure à plusieurs heures. D’autres médicaments présentent un effet antabuse dissocié de leurs effets thérapeutiques initiaux, provoquant lors de la consommation conjointe d’alcool, cet effet indésirable assez violent. Alors que le disulfirame agit chez tous les sujets en présence d'alcool, l'effet antabuse n'est observé, avec ces médicaments, que chez des sujets particulièrement sensibles (populations asiatiques ou personnes dont l’acétaldéhyde déshydrogénase est peu active).Consommation aigüe d’alcool : Inhibition du CYP 2E1
Ingéré de façon aigüe, l’alcool inhibe le métabolisme des médicaments. Le CYP2E1 métabolisant à la fois l’éthanol et certains xénobiotiques, l’interaction est due à une compétition des substrats pour la même voie d’oxydation : l’alcool monopolisant le CYP 2 E1 qui le dégrade. Cette compétition entre l’alcool et les médicaments vis-à-vis du système MEOS entraîne une diminution du métabolisme de certains principes actifs, qui s’accumulent alors dans l’organisme. De ce fait, la biodisponibilité du médicament est augmentée. L’effet pharmacologique est alors potentialisé et les risques d’apparition d’effets secondaires ou de toxicité des produits concernés sont augmentés. Néanmoins, cette inhibition pourrait avoir des conséquences favorables sur la cinétique des médicaments possédant des métabolites toxiques. Mais peu de médicaments sont métabolisés par le CYP2E1. C’est le cas par exemple avec les antiépileptiques (phénobarbital, carbamazépine, phénytoine…), les anticoagulants oraux avec un risque d’hémorragie augmenté et les benzodiazépines. L’inhibition sera en intensité et en durée en rapport avec l’importance de l’alcoolémie. L’exemple le plus couramment cité concerne le dextropropoxyphène (retiré du marché), dont l’administration simultanée à de fortes doses d’alcool a conduit à des décès par dépression respiratoire. Soulignons par ailleurs, que l’alcoolisation aigüe augmente la fluidité membranaire et peut ainsi faciliter le passage intracellulaire d’un médicament ou sa fixation sur un récepteur. C’est le cas par exemple des antidépresseurs tricycliquesConsommation chronique d’alcool : induction du CYP 2E1
- Diminution De l’activité Des Médicaments
Interactions d’ordre pharmacodynamique :
Mécanisme : dépression du système nerveux central (SNC) Sédatifs et anxiolytiques, somnifères, antidépresseurs à effet sédatif, anti-histaminiques, antipsychotiques, antiépileptiques et opioïdes voient leur effet sédatif renforcé. La combinaison entre alcool et médicaments entrainant une dépression respiratoire (benzodiazépines, opioïdes, Distraneurin®) est d’autant plus dangereuse que les effets respectifs ne s’additionnent pas mais se potentialisent. Le pronostic vital peut être engagé. {[(|fnote_stt|)]}Estelle Lantoine Les Statines : Effets indésirables et interactions médicamenteuses thèse soutenue en septembre 2003 {[(|fnote_end|)]}Interactions médicaments-tabac
Interactions pharmacocinétiques
Le tabagisme induit certaines isoenzymes du cytochrome P450 (CYP), en particulier le CYP1A1 et le CYP1A2, et probablement aussi le CYP2E1. Parmi ces 3 isoenzymes, le CYP1A2 joue surtout un rôle dans le métabolisme des médicaments. Par induction enzymatique, un métabolisme accéléré peut survenir, avec pour conséquence des concentrations plasmatiques moins élevées du médicament. De ce fait, des concentrations plasmatiques moindres de certains médicaments métabolisés par le CYP1A2 (par ex. clozapine, désipramine, flécaïnide, fluvoxamine, halopéridol, mexilétine, nortriptyline, olanzapine, propranolol, théophylline) ont été constatées chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs. C’est surtout l’interaction avec la théophylline qui peut être cliniquement significative. Les gros fumeurs (plus de 20 cigarettes par jour) ont probablement besoin d’une dose de théophylline augmentée de moitié, voire d’une double dose, par rapport aux non-fumeurs. Lors de l’arrêt du tabagisme il est important de ne pas négliger les effets indésirables éventuels de la théophylline et d’adapter éventuellement la posologie. Chez les personnes plus âgées, l’interaction est probablement moins importante étant donné que la capacité de leur système enzymatique est déjà diminuée. Chez les fumeurs, la clairance de l’héparine peut être accélérée par augmentation de la liaison de l’héparine à l’antitrombine-III. Chez les fumeurs, la résorption de l’insuline après administration sous-cutanée peut être ralentie par suite de la vasoconstriction cutanée.Interactions pharmacodynamiques
La plupart des interactions pharmacodynamiques sont probablement dues à l’effet stimulant de la nicotine sur le système cardiovasculaire et le système nerveux central. Une légère augmentation du risque d’infarctus du myocarde et d’accident cérébro-vasculaire ne peut être exclue avec les contraceptifs oraux .Chez les femmes de moins de 35 ans en bonne santé, ce risque est très faible en chiffres absolus. Chez des femmes de plus de 35 ans, le risque absolu s’accroît et l’effet du tabagisme devient plus important. Certains indices suggèrent que les fumeurs auraient besoin de doses plus élevées de benzodiazépines par rapport aux non-fumeurs pour obtenir un effet sédatif comparable. Les analgésiques narcotiques, dextropropoxyphène et pentazocine, semblent moins efficaces chez les fumeurs. [6]Interactions médicaments- aliments/plantes
Interactions médicaments /millepertuis
Le millepertuis (Hypericum perforatum ou herbe de Saint-Jean ou St John's wort) est une plante médicinale utilisée en phytothérapie et disponible en officine. Cependant, de nombreux produits à base de millepertuis sont également commercialisés dans certains magasins de diététique, supermarchés ou accessibles sur Internet ou par correspondance. Cette plante fait l'objet d'une médiatisation croissante axée sur sa possible utilisation dans le traitement des troubles de l'humeur (anxiété, dépression), sans qu'une activité thérapeutique ait pu être réellement démontrée. D'ailleurs, aucune spécialité pharmaceutique à base de millepertuis ne bénéficie d'une autorisation de mise sur le marché en France. Récemment, plusieurs articles scientifiques publiés dans la presse internationale ont rapporté des cas d'interactions médicamenteuses entre le millepertuis et des médicaments à faible marge thérapeutique notamment la digoxine, la théophylline, les anti-vitamines K, la ciclosporine, mais aussi des contraceptifs oraux. Ces interactions sont probablement liées à une induction enzymatique du cytochrome P450 et, dans le cas de la digoxine, à une induction de la glycoprotéine P. Ces interactions conduisent à la diminution des concentrations plasmatiques et de l'effet thérapeutique de ces médicaments. A l'inverse, une interruption brutale de la prise de millepertuis peut entraîner une augmentation des concentrations plasmatiques de ces médicaments, en raison de la suppression de l'effet inducteur du millepertuis. Cette augmentation peut être dangereuse dans certains cas, particulièrement lorsque les médicaments concernés ont une faible marge thérapeutique, comme la ciclosporine, la digoxine, la théophylline ou les anti-vitamines K. En février 2000, une étude menée aux Etats-Unis chez des volontaires sains rapporte une diminution des taux plasmatiques d'un médicament inhibiteur de la protéase du VIH utilisé dans le traitement du SIDA, l'indinavir (CRIXIVAN7), lors d'une utilisation concomitante avec le millepertuis. L'administration concomitante de millepertuis avec cet antirétroviral est donc susceptible d'entraîner une diminution de la réponse virologique et le développement de résistances virales chez les patients infectés par le VIH. A ce jour, aucune information n'est disponible sur l'existence d'une interaction entre le millepertuis et d'autres médicaments antirétroviraux. Néanmoins, au vu du métabolisme et des voies d'élimination des antirétroviraux, il existe un risque d'interaction lorsque ces médicaments sont associés au millepertuis. En l'état actuel des connaissances, une diminution de l'effet thérapeutique d'autres médicaments associés au millepertuis ne peut pas être exclue. Par ailleurs, quelques cas de syndrome sérotoninergique ont été rapportés dans la littérature chez des patients âgés traités par un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine et ayant pris du millepertuis. Ces patients ont développé, dans un délai de 2 à 4 jours, une symptomatologie caractéristique d'un syndrome sérotoninergique (nausées, vertiges, céphalées, anxiété, douleurs abdominales, agitation, confusion mentale). Les symptômes ont régressé après l'arrêt du millepertuis. [4]Interactions médicaments /jus de pamplemousse
Quatre facteurs pharmacocinétiques sont impliqués dans l’interaction jus de pamplemousse médicaments : -l’isoforme CYP 3A4 -les composés du jus de pamplemousse -la P-glycoprotéine (=P-gp) -l’OATP* (Organic anion-transporting polypeptide) Le jus de pamplemousse est responsable d’un effet inhibiteur du métabolisme pré systémique des médicaments qui se caractérise par une augmentation de la concentration maximale du médicament sans changement de sa demi-vie plasmatique et par augmentation de l’aire sous la courbe de ce même médicament. Il a été montré que « l’absorption intestinale de certains médicaments est régulée dans les entérocytes par la présence d’une enzyme, le CYP3A4, couplée à un transporteur d’efflux, la P-glycoprotéine. Le CYP 3A4 métabolise directement ces médicaments dans l’entérocyte alors que la P-gp favorise leur rejet dans la lumière intestinale. ». Le jus de pamplemousse augmente donc l’absorption intestinale de certains médicaments.- Action sur le cytochrome P450
- Action sur la glycoprotéine P (P-gp)
- Action sur l’OATP
Détection des interactions médicamenteuses
La recherche et le signalement des interactions médicamenteuses constituent une part significative du travail quotidien du pharmacien lors de l’analyse et de la validation des prescriptions. Il existe de très nombreuses interactions médicamenteuses et il est impossible de toutes les mémoriser. Leur détection et la prévention des effets indésirables nécessitent donc l’usage d’un ouvrage de référence et/ou d’une base d’information.- le dictionnaire Vidal®, sous forme papier ou en ligne, qui intègre lesRCP,
- la banque de données Thériaque en ligne, qui comprend des informations règlementaires, officielles et des informations bibliographiques, validées par le Centre National Hospitalier d’Information sur le Médicament (CNHIM)
- Le THESAURUS : L’AFSSAPS édite un document appelé « thesaurus :référentiel national des IAM ». Ce document est constitué d’un guide pharmaco-thérapeutique des IAM évaluées et retenues par le GTIAM de l’AFSSAPS et validées par la commission de l’AMM. Comme pour le RCP, ce thésaurus est un document officiel opposable.
Conduite à tenir devant une interaction médicamenteuse
La prévention des effets indésirables par interactions ne se résume pas à ne dispenser que des médicaments sans risque d’interaction connue, mais dont l’efficacité n’est pas correctement démontrée. Quelquefois, il faut absolument éviter une association dont les dangers dépassent largement les bénéfices prévisibles. Beaucoup plus souvent, le risque n’est pas majeur, mais il vaut mieux éviter l’association. Parfois, l’association est justifiable, à condition de la mettre en œuvre sous une « surveillance rapprochée » avec des conséquences maîtrisables (symptômes avant-coureurs de perte d’efficacité ou d’apparition d’un effet indésirable reconnaissables par le patient informé ou par le soignant). Quelle attitude thérapeutique peut proposer le pharmacien au prescripteur après analyse d’une interaction médicamenteuse ?- Suppression de l’interaction : non utilisation de l’association
- Modalités particulières d’emploi du/des médicament(s)
Conclusion
L’intoxication est un processus dynamique qui nécessite une approche multi disciplinaire incluant les urgentistes et les toxicologues. Le toxicologue peut exercer un rôle important dans la gestion des interactions médicamenteuses pour une prise en charge des patients après une intoxication poly médicamenteuses et pour bien évaluer le risque encouru par l’intoxiqué Une meilleure compréhension des facteurs qui influencent la présence d’interactions médicamenteuses pourrait entraîner une réduction significative des effets indésirables, de l’inefficacité thérapeutique et des toxicités.Was this article helpful?
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Last modified: 9 mars, 2015